• Au mois de juillet dernier (ndlr, 2008), le Conseil de Paris lançait « un processus d’études, de débats et de concertation sur l’évolution du paysage urbain parisien », faisant suite notamment au Grenelle de l’environnement dans lequel la question du développement durable des villes était posée aTour vivante.vec insistance. Rarement depuis, cette question du devenir de la ville n’a autant occupé le devant de la scène. Les projets émergeant ici ou là, comme le Grand Paris en urbanisme, l’Arc-Express/Métrophérique ou l’Autolib’ dans les transports ou les Super Tower et autres projets d’IGH en architecture. Le but étant évidemment de faire face aux défis majeurs posés par le XXIe siècle naissant à toutes les grandes métropoles du monde. Et d’y répondre par la création d’une nouvelle, d’une autre civilisation urbaine.

    Pour certains, de plus en plus nombreux, celle-ci ne peut être fondée que sur la hauteur du bâti. Ce qui permet, un, de résoudre le problème de l’étalement spatial que connait la plupart des villes, et qui représente une véritable plaie pour l’environnement, et un coût non négligeable pour la communauté (voirie, infrastructures, entretien, etc.). Et permet, deux, en mêlant adroitement lieux de vie, de travail et deTour vivante. sociabilité, de limiter au maximum les déplacements urbains qui en plus d’être une importante source de pollution, représentent un non-sens dans une société où le pétrole se fait rare et devient par conséquent de plus en plus cher.

    L’atelier SOA Architectes pourrait, avec ses réflexions depuis maintenant près de trois ans sur la « Tour vivante », apporter une contribution déterminante dans cette conception du nouveau genre urbain. Il s’agit rien de moins que de créer en plein cœur des métropoles du futur de véritables « tours-fermes » qui combinent à la fois des logements, des bureaux, des commerces, divers services (crèches, médiathèques), mais aussi et surtout des productions maraîchères hors-sols. Un projet un peu fou qui est en tout cas aux antipodes du zoning si cher aux urbanistes du siècle précédent. La tour se développe sur 30 étages, pour 140 mètres de haut et 50 000 m², et se subdivise entre espaces spécialisés : 1/serres pour l’agriculture urbaine (7 000 m²) ; 2/logements (un peu plus de 11 000 m²) ; 3/bureaux et commerces (8 600 m² et 6 700 m²), etc. Elle accueille de surcroît éoliennes en terrasse et panneaux solaires en façade (plus de 4 000 m² annoncés) afin d’assurer son autonomie énergétique, tout en recyclant ses eaux usées et en puisant la chaleur dans le sol, à l’aide de puits canadiens. Son coût étant estimé à environ cent millions d’€ l’unité.

    Le cœur du projet réside évidemment dans ce Tour vivante.« poumon vert » réservé à l’agriculture hors-sol qui se ferait ainsi hors des aléas climatiques, et surtout sans utilisation de produits phytosanitaires. Une petite révolution bienvenue à l’heure où le changement climatique fait peser d’inquiétantes menaces sur les cultures du monde entier, et alors même qu’une utilisation excessive et abusive d’engrais et autres pesticides provoquent un appauvrissement des terres arables et menacent la biodiversité.

    Mais, en réalité, ce concept de fermes urbaines va bien au-delà de cette simple arrivée d’un bout de campagne en pleine cité. Il pourrait bien changer notre regard sur la ville, et bouleverser nos modes de vie. Déjà, l’agriculture en ville permettrait d’approvisionner directement les centres urbains en résolvant du même coup le problème du besoin sans cesse croissant de surfaces agricoles, qui ne sont pas extensibles à l’infini, et celui de l’acheminement de ces denrées qui est aujourd’hui aussi au cœur des problématiques du développement durable*[1]. Ensuite, cultiver en ville viendrait soulager nos surfaces cultivables qui en auraient grand besoin après tant de décennies de culture intensive qui ont complètement bouleversé les écosystèmes, et polluer durablement fleuves, rivières, nappes phréatiques et sols. Sans oublier qu’un tel système éviterait les défrichements destructeurs qui ne cessent de s’accélérer partout dans le monde. Les exemples brésiliens et indonésiens l’illustrantTour vivante. à merveille.

    Il y a quelques mois, le maire de Paris, Bertrand DELANOË, annonçait une véritable révolution urbaine et verticale pour Paris qui a été quelque peu déçue par la récente annonce de l’érection prochaine du Triangle porte de Versailles, davantage geste architectural que geste urbanistique d’envergure. Peut-être qu’il serait plus inspiré en décidant le lancement un jour d’un prototype (longtemps annoncé à Rennes d’ailleurs) de « tour vivante » sur l’un des sites que le Conseil de Paris avait retenu pour accueillir un ou plusieurs IGH. Ce qui, couplé à d’autres études et/ou expériences en cours, comme le projet Solar Drop (c.f ci-dessous) qui vise à assainir l’air tout en requalifiant certaines zones urbaines (dans le cas parisien, une partie de la petite ceinture), ou l’idée un temps émise par l’équipe municipale en place d’interdire le centre de la capitale aux véhicules lourds chargés de son appSolar Drop.rovisionnement*[2], pourrait déboucher sur cette cité post-industrielle que tout le monde appelle de ses vœux. Mais qui semble encore bien loin au vu des décisions récentes prises par les autorités dans ce domaine : invalidation des péages urbains, difficulté pour Autolib’, etc.

    En attendant, mieux vaut donc compter sur nos grandes surfaces impersonnelles dévoreuses d’espaces et nos voitures particulières polluantes pour assurer nos approvisionnements en tomates ou en fraises.

    Eric BAIL pour èV_

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    [1] Rappelons que les véhicules chargés du transport de ces denrées alimentaires arpentent essentiellement nos routes et autoroutes : ainsi, 80 % du tonnage transporté l’est par ce moyen de transport. Et en 2004, le tonnage transporté en tonne/km était cinq fois plus important par la route que par le rail. Chiffres in BRAUN (Bernard), COLLIGNON (Francis), « La France en fiches », Paris, Bréal, 2008 (6ème édition), 334 p.

    [2] Contraignant ces poids lourds à l’arrêt et au déchargement de leur cargaison dans des aires de stockage extra-urbaines (qu’il ne faut d’ailleurs pas reléguer en proche banlieue, mais bien plus loin encore, afin de ne pas ajouter de la frustration à la frustration). Des véhicules légers, électriques par exemple ou ferrés, peu importe la nature de l’énergie propre ou le mode de transport utilisés, se chargent ensuite de l’acheminement final aux destinataires.

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    Présentation vidéo du projet de « ferme urbaine » du cabinet SOA Architectes :

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    Source : dossier de presse soaarchitectes.fr

    Crédits photos : cyberarchi.com

    Nouvelle version du vendredi 11/VI/2010.


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  • Il m’arrive souvent d’écrire ici sur le sud et l’ouest de Paris qui me sont relativement familiers. Je ne déroge une fois encore pas à la règle. Car, après la piscine Molitor, après le stade Jean-Bouin, et sans doute avantFutur Georges-Hébert. le tram sur le boulevard Murat, c’est à Roland-Garros (et à Georges-Hébert) que je m’attaque aujourd’hui. Puisque c’est décidé, ou presque, les Internationaux de France auront droit à de nouveaux courts, Porte d’Auteuil, et ce avant 2012. Les premières informations et images de synthèse ont été diffusées très récemment dans la presse.

    C’est à Marc MIMRAM*[1] que la FFT (Fédération française de tennis) a confié l’opération. L’objectif est de doter, enfin, le plus célèbre complexe français de tennis d’un court à toit amovible. Pour ce faire, l’architecte a conçu, sur les presque trois hectares de l’actuel stade Georges-Hébert de la Porte d’Auteuil et du boulevard Molitor, un nouveau court ovoïdal de 14 600 places exactement, à l’asymétrie clairement affichée. La tribune ouest étant plus basse « pour laisser entrer la lumière du soir ». Le toit se rétractant/déployant lui plutôt rapidement pour faire faFutur Georges-Hébert.ce à la plaie du mois de mai pour le tournoi, c’est-à-dire la succession du beau et du mauvais temps. Même si on ignore encore le temps que cette opération prendra :Futur Georges-Hébert. de deux minutes (in leparisien.fr) à une petite dizaine de minutes (in interview de l’architecte). Le complexe, lui, sera complété par deux autres courts de 1 000/2 000 places chacun (à préciser, les sources divergent également sur ce point).
    Evidemment, la question de l’intérêt d’un court couvert ne se pose guère*[2]. Cet équipement fait aujourd’hui cruellement défaut à Roland-Garros et son absence prolongée pourrait à terme (c’est en tout cas ce que l’on agite à la fédération pour faire avaler la pilule) lui coûter sa place au sein de l’élite du tennis mondial (à savoir au sein du club très fermé des tournois du Grand Chelem).

    Mais, le projet est également intéressant sur le plan de la requalification urbaine. Il permettra effectivement de repenser le tissu urbain de la Porte d’Auteuil que la reconversion pFutur Georges-Hébert.rochaine de l’espace/gare d’Auteuil tout proche en logements sociaux pourrait bien entamer*[3]. D’autant que l’on peut ajouter dans la balance la création d’un espace vert au-dessus des terrains d’entraînement et l’aménagement d’un déambulatoire, accessibles toute l’année. Certes, ce n’est pas encore « le bois de Boulogne sur le boulevard Murat » comme le prétend l’architecte, mais un espace vert de plus, même aussi minime, est toujours le bienvenu dans Paris, vu leur nombre. Et puis, HQE et grenelle de l’environnement obligent, des panneaux photovoltaïques seront disposés sur le toit ou à proximité, ce qui est plutôt intéressant.

    Alors, quel est le problème ? Justement, dans la disparition totale du stade communal Georges-Hébert, utilisé par les scolaires des environs (groupes scolaires Dupanloup, Les Oiseaux, lycées et collèges Jean de la Fontaine et Claude Bernard, etc.). Après leur avoir dit qu’ils ne pourront plus utiliser Jean-Bouin, voilà que c’est au tour d’Hébert de ne plus les accueillir. Nombreux sont ceux qui, à l’image du maire du XVIe arrondissement, M. Claude GOASGUFutur Georges-Hébert.EN, s’en sont émus, relançant la polémique. Et preuve d’un certain malaise : si le projet a bien été adopté par une commission de quinze membres et validé par la fédé nationale de tennis, il n’a pas encore reçu l’aval des services municipaux, c’est-à-dire notamment le permis de construire. Alors même que les services de Bertrand DELANOË ont promis aux enfants, au sein de l’Hippodrome d’Auteuil tout proche, de nouveaux terrains (deux terrains de jeux, un de rugby, une piste d’athlétisme, etc.).

    Toutefois, le malaise persiste et beaucoup de riverains ont l’impression d’être laissé à l’écart de l’évolution de leur quartier (après les décisions déjà contestées prises pour Jean-Bouin, et pour la piscine Molitor notamment). Sans même évoquer la pertinence du choix du site dans cette extension. Après tout, plus de 500 mFutur Georges-Hébert.ètres sépareront le futur stade des installations actuelles (comme le montre le photo-montage vu du ciel ci-dessus). Certes, ce n’est pas insurmontable, certes on promet de réaménager ce parcours (plantation d’arbres, agrandissement des trottoirs, etc.), certes on parle déjà de dessertes en transport collectif, mais n’aurait-on pas pu (puisque l’on ne peut ou veut pas toucher aux bois de Boulogne tout proche) couvrir comme le propose M. GOASGUEN (non sans arrière-pensées politiques hélas !) une partie du périph’ pour y implanter le bâtiment dessiné par MIMRAM.

    Eric BAIL pour èV_

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    Note de nouvelle version (samedi 12/VI/2010) :

    Certes, Roland-Garros2010 s’est achevé, cette année, sans polémiques puisque le temps a été plutôt clément (deux ou trois jours de pluie seulement pendant la quinzaine), néanmoins, on ne sait toujours pas vraiment où en est le dossier. En effet, la FFT et son président Jean GACHASSIN menaçaient toujours de quitter les lieux, pour rejoindre Versailles, la plaine Saint-Denis, Sarcelles-Gonesse, Evry ou même Disney à Marne-la-Vallée, s’ils n’obtenaient pas un déclassement rapide d’une partie du bois de Boulogne ou l’équivalentPlan mairie Paris pr Roland. d’une vingtaine d’hectares (surface dont disposent les autres lieux du tournoi du Grand-Chelem). Enterrant d’ailleurs du même coup le projet MIMRAM, dont je vous parlais dans ce papier, qui leur a sans doute servi surtout à mettre davantage encore la pression sur la mairie de Paris.

    Ce qui a plutôt réussi puisque celle-ci tentait, juste avant le tournoi, de calmer les esprits en annonçant un vaste plan d’aménagement de la porte d’Auteuil, qualifié de « sauvetage »  [sic]. Qu’y annonçait-elle ? D’abord que le fonds des Princes, c’est-à-dire des terrains de sport également utilisés par les scolaires des environs, serait légué à Roland pour y édifier un nouveau court de 3 000 places ; qu’une partie, ensuite, des serres d’Auteuil (séparées seulement de Roland-Garros par une petite rue bien maladroitement nommée avenue Gordon Bennett) servirait à construire un autre terrain, semi-enterré celui là, et surtout un lieu dédié à la réception et aux fastes ; qu’un hectare du bois de Boulogne (dont on proclamait pourtant du côté de la mairie l’inviolabilité il y a encore quelques mois) serait également déclassé pour y installer un espace « relations publiques » ; et qu’enfin les deux principaux courts de Roland (le Central ou « Philippe-Chatrier », et le « Suzanne Lenglen ») seraient rénovés, réaménagés et surtout dotés de toits amovibles ou de vastes velum. Que de propositions en si peu de temps, alors qu’il y quelques mois encore, on ne voulait rien entendre ni savoir du côté de l’équipe DELANOË.

    Il semble donc que les pressions ont fini par payer, écartant tous les arguments qui pourraient dès lors contrarier le nouveau plan établi :

    üLe coût exorbitant des ré-aménagements ;

    üLe grignotage du bois et des serres, même si contre-argument avancé, on ne fait finalement que prendre un petit bout d’un terrain vague du premier, appelé la « pelouse » (oubliant son intérêt pour le jeu et le farniente), et des espaces non ou sous-utilisés des secondes ;

    üEt enfin, la disparition d’un nouveau, d’un autre, d’un énième dans le quartier, lieu consacré aux sports qu’utilisaient les scolaires du coin. Absurdité suprême si, comme l’envisage le gouvernement FILLON/SARKOZY, on consacre à l’avenir tous les après-midi aux sports dans nos écoles. Ici encore, un contre-argument a été présenté très récemment par la mairie comme la panacée (il avait d’ailleurs déjà été utilisé dans le projet du nouveau Jean-Bouin), l’aménagement du centre de l’hippodrome d’Auteuil en terrains de sport. Opération qu’a très récemment autorisée le ministère de l’écologie et du développement durable, permettant à tout le reste de suivre.

    A suivre donc, même s’il paraissait évidement à tous, dès le départ, que Roland ne quitterait pas la porte d’Auteuil et souhaitait juste quelques passe-droits*[4]… démos kratos ? Pas si sûr dans ce dossier. D’ailleurs, population et élus de l’opposition crient au scandale, et disent avoir découvert le plan de la mairie dans la presse sans avoir été consultés préalablement.

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    [1] Architecte français à qui l’on doit à Paris la nouvelle passerelle Solférino (désormais appelée Léopold Sédar-Senghor). Il a également travaillé dans les années 1980 sur le ministère des Finances de Bercy.

    [2] Chaque année, une journée supplémentaire est même prévue au programme pour palier aux éventuels contre-temps liés à la météo.

    [3] Des logements sociaux, une promenade plantée, une crèche et une bibliothèque devraient se substituer à l’actuel espace Auteuil et aux emprises de la regrettée Petite-Ceinture, ainsi qu’à la gare d’Auteuil dont seuls le mur et la plate-forme seraient conservés (c.f vidéo ci-dessous).

    [4] Jean-François LAMOUR, patron du groupe UMP au conseil de Paris affirmait ainsi : « […] cette proposition unilatérale laisse beaucoup d'incertitudes, de craintes et elle donne le sentiment que tout cela s'est fait dans la précipitation à quelques jours des Internationaux de France. C'est bien joué de la part de la Fédération française de tennis (FFT). Cela fait monter la pression et les enchères. »

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    vidéo 1 - Extrait Cap24 sur l'extension de Roland :

    vidéo 2 (réaménagement de la gare d'Auteuil) :

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    Sources : rolangarros.com ; lemonde.fr; lefigaro.fr; leparisien.fr ; lemoniteur.fr.


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  • Fera t-il de nouveau nuit noire dans nos villes à l’avenir ? Peut-être. C’est ce qu’avait préconisé dans son article 36, timidement, le Grenelle de l’environnement l’année dernière. C’est ce que vise le dépôt récent d’un projet de loi par M. Eric DIARD, député UMP des Bouches-du-Rhône, qui compte bien s’attaquer « à l’excès de luminaires publics et commerciaux ».

    Ce qui pose de nouveau la question de la lutte contre l’extrême pollution lumineuse dans nos villes que de nombreux spécialistes n’ont de cesse de dénoncer. Car, au mieux celle-ci n’empêche que les astronomes de jouir de leur passion, ou les noctambules de s’affranchir des codes diuCarte pollution lumineuse.rnes comme le faisaient jadis les romantiques, mais au pire elle pourrait avoir des conséquences sur la flore, la faune, voire la santé humaine. C’est ce que vient de révéler, en effet, une étude en évoquant par exemple la perte de repères chez les insectes ou les oiseaux migrateurs que provoque cette prolifération partout dans le monde des lumières artificielles (désigné sous le doux mot de « halo » lumineux, comme ci-dessous, près de Tenerife dans les Canaries).  Et cela pourrait même aller jusqu’à affecter la « croissance et la floraison des plantes », voire augmenter les risques de cancers, notamment du sein, pour les travailleurs/ses de la nuit. Même s’il faudra encore confirmer par de nombreuses recherches et études ce lien « exposition à la lumière artificielle/augmentation de cancers ».Halo Tenerife.

    En attendant, tout le monde est à peu près d’accord sur un point, il y a urgence à réduire ou à limiter les émissions lumineuses dans nos métropoles. Ne serait-ce déjà que pour réaliser de substantielles économies d’énergie, et des économies tout court. On estime en effet qu’il y a, dans toute la France, entre neuf et dix millions de lampadaires, consommant chaque nuit l’équivalent de la production électrique d’une centrale nucléaire d’importance, à savoir 1 200 mégawatts. Et ce alors même que le parc lumineux français a été renouvelé et n’est plus aussi énergivore qu’il y a quelques années. C’est dire !

    Evidemment, la nuit noire en ville n’est pas pour demain, et c’est même plutôt mieux ainsi. Primo, son caractère anxiogène paraît évident. Secundo, cela pourrait nuire à l’activité économique incessante de nos sociétés post-industrielles qui ne s’arrête [presque] jamais. Et que dire, enfin, de l’insécurité (ou du sentiSimone Delattre.ment) qui ne manquerait pas d’y régner. Les étroites rues et ruelles (qui n’existent il est vrai plus en très grand nombre dans nos villes « automobilisées ») se transformant de nouveau en véritables coupe-gorges comme sur l’île de la Cité au temps des « Mystères de Paris » d’Eugène SUE. Finalement, seuls nos amis les noctambules nostalgiques ou poètes pourraient y trouver leur compte, comme au temps des romantiques. Je ne saurais d’ailleurs trop vous conseiller à ce sujet la lecture du livre de Simone DELATTRE, Les douze heures noires - La nuit à Paris au XIXe siècle,  aux éditions Albin Michel (couverture ci-contre). La nuit n’aura alors plus de secret pour vous. D’ici là, on pourra au moins se consoler en profitant lors de nos sorties vespérales des très belles illuminations de la Tour Eiffel pour la présidence française de l’UE...

    Eric BAIL pour èV_

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    Sources : lefigaro.fr ; leparisien.fr.

    Vidéo :


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  • Le mardi 18/XI/2008, une réunion de présentation à la mairie de Paris se tenait au sujet du réaménagement du carrefour de la place de Clichy, débuté en 2006 avec l’élargissement des trottoirs, notamment rue St-Pétersbourg et rue d’Amsterdam. Y ont été exposées les différentes propositions en Place de Clichy.vue de l’adapter à la ville de demain : ce qui passe par un « réajustement de la place de la voiture », par la création d’une « promenade centrale » arborée le long du boulevard de Clichy, par une « re-végétalisation » de la voirie (une soixantaine d’arbres plantés boulevards de Clichy et des Batignolles), et par une clarification des zones « bus », « taxis » et de « livraison » (situation actuelle de la place ci-dessus - projet ci-dessous).

    Après cette réunion publique, s’est ouverte (et ce jusqu’en avril prochaiFuture place de Clichy.n) la phase d’études et de constitution des dossiers des futurs marchés par les entreprises. Avant que ne débutent courant X/2009 les travaux proprement dits, qui devraient s’achever si tout se passe bien environ un an plus tard. Alors seulement, les piétons pourront profiter réellement (c’est ce qui est en tout cas annoncé) de la moitié de la voirie locale (contre 43 % aujourd’hui, pour 57% à la voiture).

    Que dire de ce projet ?

    Depuis le triomphe de l’automobile dans nos sociétés, les places publiques, du fait même de leur importance pour la fluidité du trafic, se sont faites beaucoup moins accueillantes pour le piéton qui s’Place de la Nation.est alors retrouvé relégué sur leurs marges. Ne profitant du même coup que rarement de leurs cœurs pourtant parfois très bien mis en valeur. On pense par exemple à la place de la Nation couronnée par la somptueuse sculpture de Jules DALOU, « Le Triomphe de la République » (inaugurée en 1899, c.f ci-dessus) et qui est très agréablement aménagée et finement arborée. Toutefois, celle-ci comme la quasi-totalité des autres dans le monde sont devenues carrément inhospitalières pour le piéton qui ne fait que les traverser, quand il ne les évite tout simplement pas. Citons alors la bien mal nommée place de la ConcordePlace de la Concorde. (ci-contre) qui est devenue le lieu de rendez-vous privilégié [presque exclusif] de l’automobile. Et s’il en fallait encore une autre preuve, je vous mets au défi d’atteindre le centre du rond-point de la Porte de Saint-Cloud en un seul morceau (dommage d’ailleurs car les très belles fontaines « art déco » sculptées par Paul LANDOWSKI y sont également magnifiques, photo de droite ci-dessous).

    Il était donc temps, à l’heure où la voiture n’est plus, fort heureusement, au cœur des politiques urbaines, que les aménageurs, urbanistes, décideurs publiques se penchent enfin sur nos places afin de les rendre plus attractives, et moins repoussantes. Toutefois, se cantonner à la réduction, même significative, de la place de l’automobile paraît bien insuffisant. Et dans le cas présent, c’est à peu près Place de la porte de St-Cloudhélas la seule véritable modification proposée. Avec il est vrai la création d’un terre-plein central arboré sur le boulevard de Clichy. Mais, un tel aménagement existe déjà sur le boulevard d’en-face (celui des Batignolles) et cela ne le rend guère plus agréable à la déambulation, tant il est morcelé (places de stationnement, voies de croisement, etc.)*[1]. Même si cela ne pourra être qu’un atout supplémentaire pour le quartier (voir par exemple le boulevard Richard-Lenoir).

    En attendant, s’il ne paraît pas réaliste (ce  serait même contre-productif pour la vitalité de nos centres urbains) de rejeter loin de nos places nos polluantes et encombrantes automobiles, peut-être faudra t-il tout de même autre chose qu’un peu moins de voitures et un peu plus d’arbres pour les rendre vraiment plus attrayantes aux yeux du piéton. Mais qui sait, Clichy sera peut-être un tremplin.

    Eric BAIL pour èV_

    Note de nouvelle version (dimanche 13/VI/2010) :

    Depuis cette date, les travaux avancent sur la place, mais nous ne pouvons pas encore clairement juger de ce qui se dégagera une fois ceux-ci achevés. En tout cas, il semble que, comme je l’envisageais dans ce papier de 2008, cette première opération ait inspiré les services municipaux de la ville de Paris qui peu de temps après ont annoncé le ré-aménagement global, pour 2013, de la place de la République (annonce du 24/III/2010), puis de la voie sur berge Georges-Pompidou.

    En ce qui concerne la première, c’est l’agence TVFuture place de la République.K (TREVELO & VIGER-KOHLER) qui a été chargée de l’opération. Elle promet un bouleversement sur cette immense place de l’est parisien (trois arrondissements concernés, les IIIe, Xe et XIe), aux dimensions imposantes, 280m sur 120 pour 35 000 m². Disposant d’un budget conséquent de 12 à 13 millions d’€, l’agence qui avoue « avoir beaucoup travaillé sur les reports de circulation » annonce la fin du carrefour automobile autour de la statue des frères MORICE. Véritable révolution puisque seule la partie sud continuera d’accueillir des voitures (double-sens 4 voies/3 voies). Le reste étant arboré (30 % d’arbres supplémentaires), doté de kiosques et de divers lieux de vie (terrasses, manèges, etc.). Voiture et ville semblent bien sur le chemin du divorce.

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    [1] Ce sont ici mes souvenirs qui parlent. Du temps où quittant le bus « 68 » à son terminus (en haut de la rue de Clichy), je rejoignais [difficilement et non sans perdre beaucoup de temps] et en traversant la place, l’IUFM au bout du boulevard des Batignolles.

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    Sources : paris.fr ; AGEORGES (Sylvain), Sur les traces des expositions universelles Paris 1855-1937, Paris, Parigramme, 2006, 190 p.

    Crédits photos :

    ü Photos du projet « place de Clichy » et « place de la République » : paris.fr  

    ü Place de la concorde et de la porte de St-Cloud : photos personnelles prises les 28/VI/2008 et 04/X/2008.


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  • Le 24/XI prochain marquera pour la piscine Molitor (Paris, XVIe arrondissement) une véritable renaissance. C’est en effetNouvelle piscine Molitor. ce jour-là que le Conseil de Paris votera (sauf surprise improbable) la délibération entérinant l’attribution du bail d’exploitation du futur complexe de la porte Molitor au groupement Colony Capital/Accor/Bouygues. La réouverture devant, elle, intervenir au plus tard en 2012.

    ENFIN !

    Enfin, on va soigner la véritable verrue que représente Molitor  dans le sud du XVIe arrondissement de la capitale, elle qui a trop longtemps été laissée à l'abandon (ndlr depuis 1989, voir l'article « Sauvez Moli »). Et que de nombreux riverains avaient appris à ignorer. Certains espérant même sans doute que l’édifice si abîmé s’effondrerait un jour, à défaut de pouvoir être détruit*[1].

    En tout cas, le projet retenu, qui coûtera près de 65 millions d’€ (pas aux cNouvelle piscine Molitor.ontribuables parisiens assure t-on à la mairie), devrait apporter peu de changements par rapport à ce qui existait antérieurement (reste à préciser la question des tarifs qui s'annonce déjà épineuse, puisque l'on parle de 20 à 60 € l'entrée journalière). L'aspect général des différentes façades est ainsi conservé malgré les protubérances vitrées ajoutées pour loger les nouveautés du projet. Et, l’on retrouve avec joie les bassins d’hiver et d’été d’origine qui ont fait le bonheur des Parisiens (et des Boulonnais) qui fréquentèrent le lieu pendant cinquante ans. Les nouveautés : entre autres, la création d’un hôtel 4* (98 chambres), d’un centre de remise en forme, ainsi que des restaurants (dont un diététique) et quelques commerces (encore me direz-vous … peut-être le futur centre commercial de « Jean Bouin » n’en prévoyait pas encore suffisamment, mais passons !).

    Le point positif du projet, celui qui a probablement pesé dans la balance lors du choix du vainqueur par les membres de la Commission le 27/X dernier*[2], réside dans l’offre faite aux scolaires, à savoir un large bassin de 33 mètres sur 13 (contre 20 sur 10 au projet concurrent). Ce qui, pour eux, est une bonne nouvelle surtout si, comme prévu, on leur supprime l’accès au futur « Jean Bouin » et que Roland-Garros leur prend « Georges Hébert » pour son extension prochaine*[3].

    Le calendrier de la procédure a été publié sur le site de la mairie de Paris, et si tout se passe bien, nous n’avons plus que quelques mois à attendre avant de profiter à nouveau de ce superbe équipement qui redonnerait Ateliers Le Corbusier BB.vie au quartier en dehors des évènements sportifs du Parc des Princes, de Jean Bouin ou de Roland-Garros.  Et puis, la renaissance de ce bâtiment des années 1920/30 (même légèrement modifié) ajoute un édifice phare supplémentaire à cette partie de Paris et Boulogne qui apparaît déjà comme la Mecque des adorateurs d’art déco*[4] (c.f ci-dessus).

    Eric BAIL pour èV_

    Note de nouvelle version

    Depuis la rédaction de cet article, la situation semble de nouveau bloquée. En effet, la crise a considérablement tari les crédits et la piscine présente toujours son triste aspect à l’heure où j’écris ces quelques lignes. Et rien ne semble devoir changer rapidement. Au moins, grâce à une célèbre marque de sport à virgule, nous avons pu (et ce fut une grande première pour moi) visiter ses entrailles. Ni[…] a lancé en effet pendant Roland-Garros2010 l’opération « The Club » et chacun pouvait venir taper la balle dans un des bassins, aménagé en cours de tennis. Une excellente initiative dont ont profité beaucoup de Parisiens pour venir redécouvrir ce bijou « art-déco » en attendant une prochaine réhabilitation.

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    [1] Puisque le bâtiment, inauguré en 1929, est inscrit à l’inventaire supplémentaire des bâtiments historiques.

    [2] Cette commission spéciale était composée de Conseillers de Paris, sous la vice-présidence conjointe de l’adjointe au maire de Paris chargée de l’urbanisme, Anne HIDALGO, de Jean VUILLERMOZ, et de Claude GOASGUEN, actuel maire du XVIe arrondissement. Colony Capital était opposé à GTM (filiale de Vinci), dont le projet avait été conçu par Jacques FERRIER, à qui l’on doit le pavillon de la France à l’exposition Shanghai2010.

    [3] La situation a passablement évolué depuis la rédaction de cet article. En effet, fin 2009/début 2010, la FFT a mis la pression sur la mairie de Paris pour faire bouger les lignes, menaçant dans le cas contraire de déménager à Versailles ou à la plaine Saint-Denis, près du SDF. Dans l’équipe DELANOE, on n’imagine guère plausibles de tels scénarii, et on parle de bluff de la fédé de tennis qui espèrerait ainsi un déclassement d’une partie du Bois de Boulogne. Rien n’est encore décidé, affaire à suivre…

    [4] Je pense aux multiples constructions, notamment de MALLET-STEVENS, de PINGUSSON ou de Le CORBUSIER, qui pullulent ici ou là (entre autres rue Mallet-Stevens, rue Nungesser-et-Coli à Paris, Allée des Pins, rue Denfert-Rochereau à Boulogne, etc.).

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    Sources : paris.fr.

    Crédits photos : paris.fr et photographies personnelles prises le 18/V/2008 (ateliers Lipchitz-Miestchaninoffr signés Le Corbusier) et le 01er/VI/2008 (façade de Molitor).

    Version issue de PériphériK (28/X/2008) ; mise à jour en date du jeudi 10/VI/2010.


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