• ça se couvre pour Georges-Hébert.

    Il m’arrive souvent d’écrire ici sur le sud et l’ouest de Paris qui me sont relativement familiers. Je ne déroge une fois encore pas à la règle. Car, après la piscine Molitor, après le stade Jean-Bouin, et sans doute avantFutur Georges-Hébert. le tram sur le boulevard Murat, c’est à Roland-Garros (et à Georges-Hébert) que je m’attaque aujourd’hui. Puisque c’est décidé, ou presque, les Internationaux de France auront droit à de nouveaux courts, Porte d’Auteuil, et ce avant 2012. Les premières informations et images de synthèse ont été diffusées très récemment dans la presse.

    C’est à Marc MIMRAM*[1] que la FFT (Fédération française de tennis) a confié l’opération. L’objectif est de doter, enfin, le plus célèbre complexe français de tennis d’un court à toit amovible. Pour ce faire, l’architecte a conçu, sur les presque trois hectares de l’actuel stade Georges-Hébert de la Porte d’Auteuil et du boulevard Molitor, un nouveau court ovoïdal de 14 600 places exactement, à l’asymétrie clairement affichée. La tribune ouest étant plus basse « pour laisser entrer la lumière du soir ». Le toit se rétractant/déployant lui plutôt rapidement pour faire faFutur Georges-Hébert.ce à la plaie du mois de mai pour le tournoi, c’est-à-dire la succession du beau et du mauvais temps. Même si on ignore encore le temps que cette opération prendra :Futur Georges-Hébert. de deux minutes (in leparisien.fr) à une petite dizaine de minutes (in interview de l’architecte). Le complexe, lui, sera complété par deux autres courts de 1 000/2 000 places chacun (à préciser, les sources divergent également sur ce point).
    Evidemment, la question de l’intérêt d’un court couvert ne se pose guère*[2]. Cet équipement fait aujourd’hui cruellement défaut à Roland-Garros et son absence prolongée pourrait à terme (c’est en tout cas ce que l’on agite à la fédération pour faire avaler la pilule) lui coûter sa place au sein de l’élite du tennis mondial (à savoir au sein du club très fermé des tournois du Grand Chelem).

    Mais, le projet est également intéressant sur le plan de la requalification urbaine. Il permettra effectivement de repenser le tissu urbain de la Porte d’Auteuil que la reconversion pFutur Georges-Hébert.rochaine de l’espace/gare d’Auteuil tout proche en logements sociaux pourrait bien entamer*[3]. D’autant que l’on peut ajouter dans la balance la création d’un espace vert au-dessus des terrains d’entraînement et l’aménagement d’un déambulatoire, accessibles toute l’année. Certes, ce n’est pas encore « le bois de Boulogne sur le boulevard Murat » comme le prétend l’architecte, mais un espace vert de plus, même aussi minime, est toujours le bienvenu dans Paris, vu leur nombre. Et puis, HQE et grenelle de l’environnement obligent, des panneaux photovoltaïques seront disposés sur le toit ou à proximité, ce qui est plutôt intéressant.

    Alors, quel est le problème ? Justement, dans la disparition totale du stade communal Georges-Hébert, utilisé par les scolaires des environs (groupes scolaires Dupanloup, Les Oiseaux, lycées et collèges Jean de la Fontaine et Claude Bernard, etc.). Après leur avoir dit qu’ils ne pourront plus utiliser Jean-Bouin, voilà que c’est au tour d’Hébert de ne plus les accueillir. Nombreux sont ceux qui, à l’image du maire du XVIe arrondissement, M. Claude GOASGUFutur Georges-Hébert.EN, s’en sont émus, relançant la polémique. Et preuve d’un certain malaise : si le projet a bien été adopté par une commission de quinze membres et validé par la fédé nationale de tennis, il n’a pas encore reçu l’aval des services municipaux, c’est-à-dire notamment le permis de construire. Alors même que les services de Bertrand DELANOË ont promis aux enfants, au sein de l’Hippodrome d’Auteuil tout proche, de nouveaux terrains (deux terrains de jeux, un de rugby, une piste d’athlétisme, etc.).

    Toutefois, le malaise persiste et beaucoup de riverains ont l’impression d’être laissé à l’écart de l’évolution de leur quartier (après les décisions déjà contestées prises pour Jean-Bouin, et pour la piscine Molitor notamment). Sans même évoquer la pertinence du choix du site dans cette extension. Après tout, plus de 500 mFutur Georges-Hébert.ètres sépareront le futur stade des installations actuelles (comme le montre le photo-montage vu du ciel ci-dessus). Certes, ce n’est pas insurmontable, certes on promet de réaménager ce parcours (plantation d’arbres, agrandissement des trottoirs, etc.), certes on parle déjà de dessertes en transport collectif, mais n’aurait-on pas pu (puisque l’on ne peut ou veut pas toucher aux bois de Boulogne tout proche) couvrir comme le propose M. GOASGUEN (non sans arrière-pensées politiques hélas !) une partie du périph’ pour y implanter le bâtiment dessiné par MIMRAM.

    Eric BAIL pour èV_

    -----

    Note de nouvelle version (samedi 12/VI/2010) :

    Certes, Roland-Garros2010 s’est achevé, cette année, sans polémiques puisque le temps a été plutôt clément (deux ou trois jours de pluie seulement pendant la quinzaine), néanmoins, on ne sait toujours pas vraiment où en est le dossier. En effet, la FFT et son président Jean GACHASSIN menaçaient toujours de quitter les lieux, pour rejoindre Versailles, la plaine Saint-Denis, Sarcelles-Gonesse, Evry ou même Disney à Marne-la-Vallée, s’ils n’obtenaient pas un déclassement rapide d’une partie du bois de Boulogne ou l’équivalentPlan mairie Paris pr Roland. d’une vingtaine d’hectares (surface dont disposent les autres lieux du tournoi du Grand-Chelem). Enterrant d’ailleurs du même coup le projet MIMRAM, dont je vous parlais dans ce papier, qui leur a sans doute servi surtout à mettre davantage encore la pression sur la mairie de Paris.

    Ce qui a plutôt réussi puisque celle-ci tentait, juste avant le tournoi, de calmer les esprits en annonçant un vaste plan d’aménagement de la porte d’Auteuil, qualifié de « sauvetage »  [sic]. Qu’y annonçait-elle ? D’abord que le fonds des Princes, c’est-à-dire des terrains de sport également utilisés par les scolaires des environs, serait légué à Roland pour y édifier un nouveau court de 3 000 places ; qu’une partie, ensuite, des serres d’Auteuil (séparées seulement de Roland-Garros par une petite rue bien maladroitement nommée avenue Gordon Bennett) servirait à construire un autre terrain, semi-enterré celui là, et surtout un lieu dédié à la réception et aux fastes ; qu’un hectare du bois de Boulogne (dont on proclamait pourtant du côté de la mairie l’inviolabilité il y a encore quelques mois) serait également déclassé pour y installer un espace « relations publiques » ; et qu’enfin les deux principaux courts de Roland (le Central ou « Philippe-Chatrier », et le « Suzanne Lenglen ») seraient rénovés, réaménagés et surtout dotés de toits amovibles ou de vastes velum. Que de propositions en si peu de temps, alors qu’il y quelques mois encore, on ne voulait rien entendre ni savoir du côté de l’équipe DELANOË.

    Il semble donc que les pressions ont fini par payer, écartant tous les arguments qui pourraient dès lors contrarier le nouveau plan établi :

    üLe coût exorbitant des ré-aménagements ;

    üLe grignotage du bois et des serres, même si contre-argument avancé, on ne fait finalement que prendre un petit bout d’un terrain vague du premier, appelé la « pelouse » (oubliant son intérêt pour le jeu et le farniente), et des espaces non ou sous-utilisés des secondes ;

    üEt enfin, la disparition d’un nouveau, d’un autre, d’un énième dans le quartier, lieu consacré aux sports qu’utilisaient les scolaires du coin. Absurdité suprême si, comme l’envisage le gouvernement FILLON/SARKOZY, on consacre à l’avenir tous les après-midi aux sports dans nos écoles. Ici encore, un contre-argument a été présenté très récemment par la mairie comme la panacée (il avait d’ailleurs déjà été utilisé dans le projet du nouveau Jean-Bouin), l’aménagement du centre de l’hippodrome d’Auteuil en terrains de sport. Opération qu’a très récemment autorisée le ministère de l’écologie et du développement durable, permettant à tout le reste de suivre.

    A suivre donc, même s’il paraissait évidement à tous, dès le départ, que Roland ne quitterait pas la porte d’Auteuil et souhaitait juste quelques passe-droits*[4]… démos kratos ? Pas si sûr dans ce dossier. D’ailleurs, population et élus de l’opposition crient au scandale, et disent avoir découvert le plan de la mairie dans la presse sans avoir été consultés préalablement.

    -----

    [1] Architecte français à qui l’on doit à Paris la nouvelle passerelle Solférino (désormais appelée Léopold Sédar-Senghor). Il a également travaillé dans les années 1980 sur le ministère des Finances de Bercy.

    [2] Chaque année, une journée supplémentaire est même prévue au programme pour palier aux éventuels contre-temps liés à la météo.

    [3] Des logements sociaux, une promenade plantée, une crèche et une bibliothèque devraient se substituer à l’actuel espace Auteuil et aux emprises de la regrettée Petite-Ceinture, ainsi qu’à la gare d’Auteuil dont seuls le mur et la plate-forme seraient conservés (c.f vidéo ci-dessous).

    [4] Jean-François LAMOUR, patron du groupe UMP au conseil de Paris affirmait ainsi : « […] cette proposition unilatérale laisse beaucoup d'incertitudes, de craintes et elle donne le sentiment que tout cela s'est fait dans la précipitation à quelques jours des Internationaux de France. C'est bien joué de la part de la Fédération française de tennis (FFT). Cela fait monter la pression et les enchères. »

    -----

    vidéo 1 - Extrait Cap24 sur l'extension de Roland :

    vidéo 2 (réaménagement de la gare d'Auteuil) :

    -----

    Sources : rolangarros.com ; lemonde.fr; lefigaro.fr; leparisien.fr ; lemoniteur.fr.


    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :