• Fallait pas cracher sur ma pieuvre.

    Jan KAPLICKY n’a toujours pas digéré qu’une bonne partie de ses concitoyens (y compris le premier d’entre-eux), ainsi que les conseillers municipaux de la ville de Prague dénigrent (et finissent par enterrer) sa « pieuvre », c’est-à-dirBibliothèque KAPLICKY.e son projet pour la future bibliothèque nationale praguoise qu’ils ont même dédaigneusement surnommé le « crachat ».

    L’architecte tchéco-britannique vient en effet de refuser le prix national des arts et de l’architecture que délivre chaque année le ministère de la culture tchèque, et qui lui a été décerné cette année pour l’ensemble de son œuvre. Il a même écrit une lettre au ministre de la culture motivant sa décision, et dans laquelle il explique que « dans la situation actuelle […] le gouvernement pose des limites […] à Bibliothèque KAPLICKY.ses activités en République Tchèque qui ne lui permettent pas d’accepter le prix ».

    C’est que le ressentiment de l’architecte est grand après l’affaire qu’a suscité son projet l’année dernière, à la fois dans le pays et sa capitale. Car, après une période qui lui fut plutôt favorable, avec des soutiens de poids, tels le maire de Prague, Pavel BEM, qui évoqua « l’architecture intéressante » de son projet, ou l’ancien président Vaclav HAVEL qui trouva son architecture « raffinée et jolie », tout s’est rapidement compliqué. Notamment suite aux prises de position présidentielles puis municipales. L’un des conseillers municipaux, David VONDRAZKA,  estima « qu’on Bibliothèque KAPLICKY.ne saurait établir une chose pareille près du Château de Prague […], et que l’édification de cette bibliothèque porterait préjudice à son panorama », tandis que le président en exercice, Vaclav KLAUS, alla même jusqu’à avouer « qu’il serait prêt à empêcher cette construction de son propre corps ».

    Mais, qu’avait donc de si particulier le projet de KAPLICKY pour provoquer de telles réactions, si passionnées, si déraisonnées ? Sans doute indéniablement l’anticonformisme de son architecture, avec ses couleurs acidulées, sa forme gélatineuse, son emprise éclatée. Ce qui ne pouvait pas coller, selon ses détracteurs, à la fonction à laquelle il se destinait. D’autant que sa localisation, en plein cœur du parc de Letnà, c’est-à-dire tout près [trop près] du très traditionnel château de Prague représentait, pour beaucoup d’entre-eux, un crime de lèse-majesté. Même si d’autres raisons, sans doute moins avouables (plus politiqueBibliothèque KAPLICKY.s) ont pu également peser. Surtout quand on sait que l’on évoque maintenant l’érection probable d’un stade de foot  au même endroit !

    En tout cas, si on ignore désormais quel sera l’avenir de la « pieuvre » à Prague, bien qu’il semble bien sombre, cela aura eu un mérite, celui de susciter de nombreux débats, et de centrer les regards sur la République Tchèque et sa capitale. Il serait peut-être bon de menacer de déployer de semblables tentacules au cœur de Paris pour réveiller notre capitale qui, entre sa future pyramide et son carreau-canopée, paraît bien ankylosée.

    Eric BAIL pour èV_

    -----

    [1] Depuis la rédaction de cet article, l’architecte Jan KAPLICKY nous a quitté de façon tragique à 71 ans (le 14/I/2009), en pleine rue et alors qu’il venait à peine d’être papa pour la seconde fois. Sans doute avait-il mis trop d’énergie dans ce dernier projet qui ne verra donc jamais le jour. Petite pensée à travers cette vidéo-hommage :

    -----

    Sources et montages : archiportale.com ; lidovky.cz ; radio.cz ; lemoniteur.fr ; batiweb.com.

    Nouvelle version en date du 13/VI/2010.


    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :