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Berlin soigne son architecture.
Au cœur des polémiques sur la reconstruction du palais impérial des Hohenzollern en lieu et place du pal
ais de la République est-allemand, déjà détruit*[1], Berlin n’en continue pas moins surement sa mue urbaine. Dans le quartier de la Postdamer Platz où, depuis maintenant une vingtaine d’années, les starchitectes s’en donnent à cœur joie*[2], un nouveau bâtiment vient de surgir pour célébrer le quatre-vingt dixième anniversaire de la fondation par Otto Bock de sa société de production de prothèses pour personnes à mobilité réduite, le « Science Center Medical Technology ».
Faible proportion (moins de 1 000 m²), abstra
ction, anthropomorphisme, parcours lumineux en façade, le projet du studio berlinois Gnädinger séduit autant par son esthétique, que parce qu’il rompt avec son environnement immédiat marqué par le verre et la pierre. Et ce qui frappe surtout d’emblée, c’est sa véritable « peau » extérieure, sorte d’enveloppe qui enserre littéralement les six étages du bâtiment, un peu à l’image de ce qu’ont fait les architectes Philippe CHAIX et Jean-Paul MOREL avec le bâtiment des magasins généraux au bassin de la Villette, à Paris (reconverti en auberge de jeunesse). Si cette façade épurée fait indéniablement penser aux édifices du mouvement moderne, essentiellement par sa blancheur il est vrai, la métaphore médicale est, elle, inévitable. Le lieu semble en effet aux petits soins, comme méticuleusement protégé par des bandelettes s
térilisées. Les concepteurs, eux, disent avoir trouvé leur inspiration au sein du corps humain, et plus particulièrement, dans les fibres musculaires de ce dernier. Ce qui leur permet d’évoquer la fonction du lieu dans leur architecture : la forme suit la fonction, décidément les modernes ne sont jamais très loin. D’ailleurs, une autre preuve, le véritable parcours lumineux constitué par les leds en façade (ouest et nord) qui « représentent les principales jointures du corps humain » et simulent visuellement le parco
urs pédestre en milieu urbain.
En tout cas, l’édifice oscille entre espace de recherches, lieu de rencontre et de formation scientifiques (avec une salle de conférences de 250 m² au 4ème étage) et plate-forme multimédia de communication et d’exposition (500 m² sur trois niveaux). Il accueillera d’ailleurs une exposition permanente dédiée à la « complexité du mouvement dans le corps humain », et qui invitera le visiteur « à vivre l’expérience du promeneur et à le sensibiliser à l’importance des mouvements quotidiens ».
Eric BAIL pour èV_
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[1] Le palais de la République fut le siège du parlement est-allemand entre 1976 et 1990. Après de nombreux débats quant à son devenir, et en raison notamment de la présence d’a
miante, il fut décidé de le détruire entre 2006 et 2008, afin de le remplacer par … l’ancien palais impérial des Hohenzollern, détruit lui-même à la suite du second conflit mondial. Cette architecture pastiche, attrape/touristes a des côtés un peu pathétiques ; elle n’en devient pourtant pas moins une vrai tendance en archi/urbanisme comme le démontrent d’autres exemples :
ü Pensons ainsi à l’urbanisme évoqué par le journaliste Hacène Belmessous au Val d’Europe, près de Paris, dans son ouvrage
« Le nouveau bonheur français ou le monde selon Disney » (aux éditions Atalante, 10,00 €) dans lequel il évoque la ville rêvée (et en cours de réalisation) par la multinationale : architecture faussement haussmannienne, reconstitution de rues parisiennes « typiques » du XIXe siècle, urbanisme inspiré des banlieues US et des gated communities, etc. ;
ü Ou autre exemple, la volonté de reconstruire à l’identique le palais des Tuileries à Paris, incendié sous la Commune, et démoli sous la IIIe République. Un comité national a été constitué (site internet ici), un rapport a été rendu, un appel de fonds est même lancé depuis quelques années (le coût prévisionnel étant évalué à 300 millions d’€, soit « quatre fois moins que les travaux du Grand Louvre sous Mitterrand », tout cela selon le Comité évidemment), de grands noms soutiennent même le projet, notamment PEI, l’architecte de la Pyramide toute proche.
Vidéo ci-dessous :
[2] Suite à la chute du mur en 1989 et à la réunification en 1990, la Postdamer Platz subit un grand lifting signé ROGERS, PIANO ou KOLLHOFF qui bouleverse l’endroit avec des édifices tel le « Sony Center » de Helmut JAHN.
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Sources : archiportale.com (notamment pour les photographies) ; tuileries.fr ; peripherik.over-blog.com.
Tags : rda, palais de la république, berlin, palast der republik, otto bock
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