• Le futur Jean-Bouin bat déjà des records.

    Ils ne l’aimaient déjà pas beaucoup le futur stade Jean-Bouin les habitants du sud du XVIe arrondissement de la capitale, ils risquent de faire un peu plus la grimace, et de s’attirer la sympathie de leurs concitoyens parisiens, en apprenant qu’il devrait leur en coûter près de 40 millions d’€ supplémentaires qui s’ajoutent aux 111 millions déjà prévus par les estimations initiales. Ce qui n’est évidemment pas du goût de tout le monde, surtout quand on sait que tant d’infrastructures sporFutur Jean Bouin.tives, en intra- comme en extra-muros, sont si mal ou si peu utilisées à l’image du stade Charléty de la porte de Gentilly dont personne (gestionnaire et club résident j’entends) ne veut et qui avait déjà coûté en son temps près de 120 millions d’€, ou du Stade de France de Saint-Denis qui ne sert que si peu, et souvent pas comme il le devrait.

    Son architecture n’est pas véritablement en cause. Celle-ci, signée Rudy RICCIOTTI*[1], est même plutôt réussie au regard des différents projets présentés au concours, et de la situation actuelle qui ferait sans doute l’affaire pour un petit club de province, mais n’est pas digne du Stade Français, éminent résident du Top14 (équivalent rugby de la L1, c.f ci-dessous). Sa silhouette plutôt basse ne s’abat pas violemment sur ce quartier déjà marqué par l’imposante (tout autant que majestueuse) structure que représente le parc des Princes voisin. Et d’ailleurs, l’enceinte dédié au rugby neStade Jean Bouin. comptera pas plus de 20 000 sièges, tandis que son homologue footballistique avoisine les 45/50 000 places*[2]. Quant à son enveloppe extérieure ondulée, translucide, elle répond merveilleusement bien à celle tout en béton du stade du Paris-Saint-Germain FC.

    Ensuite, afin de ré-affirmer une modernité retrouvée (le stade actuel date tout de même de 1924/5, avant qu’une rénovation n’intervienne en 1970), le projet de RICCIOTTI accueille également sur son toit des panneaux photovoltaïques (1 400 m² prévus) et intègre un système de recyclage de l’eau de pluie pour l’arrosage de la pelouse. Peut-être s’agissait-il pour l’architecte de rallier à sa cause les élus et citoyens écolos de la capitale qui dès le départ ont affiché leur opposition au projet porté par le maire de Paris et son ami Max GUAZZINI, président du SF. D’autant que l’on annonce parallèlement l’aménagement d’un parvis arboré et que l’on souligne l’absence de grilles pour ouvrir davantage le lieu aux habitants duFutur Jean Bouin. quartier.

    Ce qui choque donc davantage les riverains regroupés en collectif (outre le coût, le surcoût désormais, du projet*[3]), c’est que, tout d’abord, derrière des prétextes pseudo-sportifs, se cache en réalité une opération commerciale. De nombreux magasins doivent, en effet, être intégrés au complexe (8 000 m², parking de plus de 500 places). Ce qui n’étonne personne : cette partie de Paris n’en étant guère pourvue. Si l’on excepte évidemment la grande surface de la porte Molitor qui n’est cependant pas très glamour et encore moins adaptée à la consommation de masse. Ensuite, autre problème de la nouvelle enceinte, c’est qu’elle relègue un certain nombre d’activités annexes qui jusqu’à présent prenaient place au sein de l’actuelle, autour de l’hippodrome d’Auteuil dont on annonce depuis si longtemps également la reconversion. Il en est ainsi par exemple pour le hockey sur gazon, même si on lui promet en contrepartie des gradins flambants neufs affichant 500 sièges. Enfin, et pour les habitants du  quartier c’est le principale grief à l’encontre du Futur Jean Bouin.projet, le futur stade prive les écoliers des environs (lycées Claude Bernard et La Fontaine voisins notamment) d’un grand nombre de surfaces qu’ils utilisaient jusqu’à présent pour leurs cours d’EPS et leurs activités extra-scolaires. Ce qui, ajouté au plan envisagé pour l’extension de Roland Garros qui occuperait « Georges Hébert », autre enceinte sportive locale, permet de comprendre (et légitimer) leurs inquiétudes. Il reste désormais peu de temps avant que le projet ne se concrétise puisque les travaux devraient débuter dés l’année prochaine, pour une livraison prévue en 2011. Mais si la mairie comptait sur l’adhésion des Parisiens, c’est loin d’être gagné.

    Eric BAIL pour èV_

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    [1] L’architecte, à qui l’on doit notamment le centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence (surnommé le pavillon noir), a été désigné lauréat par le jury du concours d’architecture, présidé par le maire de Paris, le 08/XI/2008.

    [2] « Jean Bouin » en affichant à l'heure actuelle péniblement 10 000. Chiffres : paris.fr.

    [3] Même si des considérations politiques ne sont sans doute pas étrangères également à cette forte mobilisation. Celle-ci est en effet orchestrée par le maire et des habitants de Boulogne-Billancourt, commune voisine gérée par l'UMP.

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    Vidéo du nouveau stade vu du ciel :

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    Source : dossier de presse (paris.fr), linternaute.com.

    Photos : idem + photographie personnelle du stade actuel prise le 28/VI/2008.

    Nouvelle version du dimanche 13/VI/2010.


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