• La jeunesse squatte les magasins.

    Le bassin de la Villette poursuit sa mutation. Après le réaménagement de ses berges avec l’installation entre autres d’un cinéma MK2, de cafés et diverses activités, la mise en valeur de la magnifique rotonde de Claude-Nicolas LEDOUX, vestige de l’enceinte des Fermiers généraux, et même cette année (ndlr 2008) l’arrivée de l’estivante Paris-Plage, c’est au tour de l’ancien site des Magasins généraux de Paris de s’offrir un petit « lifting », en accueillant une auberge de jeunesse, un hôtel et un restaurant dans un bâtiment flambant neuf.

               

    Composé à l’origine de deux entrepôts édifiés entre 1845 et 1853, ce site poursuit à merveille la perspective qui se dessine depuis la place de la bataille de Stalingrad et la rotonde jusqu’au parc de la Villette. Il servait autrefois de lieu pour le stockage de denrées alimentaires non Perspective bassin de la Villette.périssables, comme le sucre, la farine ou le grain. Avant de finir par accueillir bureaux ou squats d’artistes en tout genre, après sa requalification dans les années 1970.

    Si l’incendie qui le ravage en partie au début des années 1990 ne brise pas la perspective, il vient en revanche, en mettant à terre l’un des deux entrepôts*[1], rompre l’harmonie qui y régnait jusqu'alors. C'est pourquoi l’idée de reconstruire à l’identique le bâtiment disparu s’impose très rapidement. Même s’il faut quinze ans, et de nombreuses réunions publiques pour venir à bout des réticences, souvent légitimes, des élus de l’arrondissement ou des habitants du quartier. Le compte-rendu d’une de ces réunions est toujours disponible sur le site de la mairie du XIXe arrondissement. Au cours de celle-ci, qui s'est tenue le 14/IX/2004*[2], le projet envisagé est contesté car on estime qu'il repose uniquement sur des fonds privés et qu'il vise à édifier, outre une auberge de jeunesse que personne ne remet en cause, un restaurant et un hôtel dont on saisit mal l'utilité pour les riverains du bassin de la Villette. Néanmoins, l’opération se concrétise et aboutit à l’inauguration le 17/VII/2008 par le maire de Paris, Bertrand DELANOE, du bâtiment des architectes Philippe CHAIX et Jean-Paul MOREL. Même si l’auberge de jeunesse St Christopher’s Inn avait déjà débuté son activité depuis le début de l’année 2008.

    Celle-ci offre désormais aux jeunes du monde entier 275 lits, répartis en dortoirs de quatre à huit lits (bien individualisés cependant avec rideau et lampe personnels), dans l’un des seuls quartiers de Paris qui offre un tel point d’eau. Les salles de bain, elles, sont communes. Quant aux prix affichés, sans être comparables aux tarifs pratiqués dans ce genre d’établissement et visant ce type de clientèle, ils restent tout de même abordables, avec une fourchette comprise entre 17 € et 30 € la nuit. L’ensemble est complété par un hôtel 3* de 144 lits, un bar, le Belushi’s, et un cyber-café. De quoi capter une clientèle qui boude la capitale au profit/détriment de villes jugées plus branchées, plus dynamiques comme Londres, ou surtout Berlin et Barcelone.

    L’architecture du bâtiment devrait en tout cas faciliter les réservations, tant elle apparaît de prime abord réussie. Pourtant, ici, pas de geste architectuVue depuis le pont levant.ral, pas de prouesses techniques, la bâtisse reprend globalement la physionomie initiale de l’entrepôt disparu. Ce qui permet notamment de re-créer l’équilibre d’antan avec la berge opposée, dont le pavillon a lui aussi connu une petite cure de jouvence (restauration, mise aux normes). En revanche, ce qui lui confère un certain charme, c’est cette très belle enveloppe faîte d’aluminium qui l’entoure gracieusement, à l’image d’un cocon non encore achevé*[3]. Celle-ci permet à la fois de masquer les passerelles d’accès aux chambres de chaque niveau, tout en conférant une légèreté au volume ainsi rebâtit à l’identique. D’autant plus que le corps du bâti, en bois, se situe en retrait par rapport à cette couche externe qui semble ainsi presque flotter.

    Ce sentiment de légèreté, la construction le doit aussi à l’espace vide qui prend place entre l’hôtel et l’auberge de jeunesse qui permet de créer un espace public intérieur (rue et jardin) au plus grand bonheur des visiteurs de passage qui y jouissent d’un point de vue imprenable sur le bassin de la Villette.

    Pour une fois, personne ne trouvera à redire que la jeunesse se rue dans les magasins…

    Eric BAIL pour èV_

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    [1] Le second pavillon eut plus de chance, même s'il dut, pour des raisons de sécurité, fermer ses portes jusqu'à très récemment. Il est devenu aujourd'hui une antenne de la Cité universitaire de Gentilly.
    [2] Elle s’intitulait « Reconstruction des magasins généraux Quai de Seine – Quels projets pour le bassin de la Villette ? ».
    [3] Un peu à l’image de ce qu’a fait l’agence berlinoise Gnädinger avec le « Science Center Medical Technology » dans la capitale fédérale (je vous en parlais ici).

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    Vidéo du Pavillon de l’Arsenal sur la rénovation des magasins :

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    Source : mairie19.paris.fr (pour les chiffres), parisobs.nouvelobs.com.
    Crédits photographiques : photographies personnelles prises le lundi 21/VII/2008.


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  • Commentaires

    1
    Lundi 11 Août 2014 à 15:21

    Je trouve que c'est un très bon projet, mais je regrette le fait que les dépenses associées restent un peu le côté obscure de la chose, j'aimerai un peu plus de clarté là dessus.

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