• Grand-Paris, le projet qui a fait pschitt !

    Vous ne l’aurez peut-être pas remarqué ce matin (ndlr, le vendredi 28/V/2010) avec la sortie de l’Ipa… qui occupe outrageusement les unes de nos grands quotidiens nationaux, mais c’est bien hier qu’a eu lieu l’adoption définitive du projet de loi sur le Grand-Paris par le parlement français, près de trois ans après le lancement de4/transports. ce grand chantier par le président de la République, Nicolas SARKOZY. 

    On nous avait, encore une fois, promis une révolution notamment en matière de gouvernance. On nous avait promis de n’oublier rien (transports, logements, aménagements, solidarité territoriale, etc.), ni personne, c’est-à-dire surtout les Franciliens qui souffrent au quotidien du manque de logements et des carences des transports collectifs. On nous avait vendu un grand débat national dans lequel chacun pourrait apporter sa contribution (un site internet fut même lancé dans cet objectif). On avait convié les plus grands noms de l’architecture et de l’urbanisme (NOUVEL, PORTZAMPARC, CASTRO, ROGERS, en tout dix équipes avaient été retenues). On avait créé un secrétariat d’Etat à la région-capitale, confié au charismatique et dynamique Christian BLANC, déjà redresseur en son temps de situation désespérée : à Air France ou à la RATP. On nous avait assuré, pour le salut du projet, que les clivages traditionnels entre élus de la région (gauche/droite ; Paris/banlieue ; villes riches/villes pauvres, etc.) et entre eux et l’échelon étatique seraient combattus puis annihilés. On nous avait annoncé un financement public exceptionnel, avec le lancement d’une grande contribution nationale, afin de faire vibrer les foules. On parlait déjà de ministères en banlieue, de la création d’une « Silicon Saclay », de milliers d’emplois créés, etc. La Cité de l’architecture et du patrimoine de Chaillot y consacra, pendant un an, une exposition qui eut un succès certain à défaut d’une mise en scène cohérente et bien pensée. Bref, toute la « sarkozye » avait été mise en branle pour faire du vœu du président une œuvre historique dont on se souviendrait.
    Oui, mais voilà, la montagne a comme souvent en France accouché d’une souris. Et ce que redoutait nombre d’observateurs a bien eu lieu, le projet est essentiellement (uniquement ?) centré sur les transports publics. Non pas qu’il ne fallait pas agir dans ce domaine vu la saturation de la plupart des lignes de métro et de RER de la région aujourd’hui, vu l’état de la circulation automobile chaque matin dans toute l’Ile-de-France, vu les prévisions de croissance du trafic, mais limiter le projet à la création d’une « simple » rocade de métro a4/transports.utomatique en première couronne (ou en deuxième ; ou un peu des deux) est sans doute une erreur historique fondamentale que commet la présidence actuelle. Au même titre à mes yeux que celle que commirent en leur temps les instances dirigeantes qui, par anti-parisianisme primaire (le fantôme J-F. GRAVIER*[1] n’est jamais loin), firent d’abord imploser le département de la Seine, avant de limiter au maximum l’étendue de la région Ile-de-France. Pour s’apercevoir, un peu tard, que cela fit de Paris une ville en retrait sur la scène internationale.

    Une chance, peut-être unique, de faire bouger les lignes et de faire de Paris une capitale dynamique et fondamentalement moderne, vient sans doute de passer sous nos yeux. Le mille-feuille institutionnel subsistera probablement, les inégalités régionales demeureront elles aussi sans doute encore bien longtemps, et les milliards d’€ serviront surtout à créer quelques pôles régionaux et une jolie vitrine pour la RATP et la SCNF (métro automatique, gare « verte », etc.). Tout ça pour ça. Galériens, euh Franciliens pardon, consolez-vous, vous pourrez au moins suivre l’avancement des travaux sur votre tout nouveau gadget signé App… L’Histoire, elle, attendra…
    Eric BAIL pour èV_
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    [1] Célèbre géographe français (1915/2005), auteur du non moins célèbre « Paris et le désert français » (1947) qui s’appuie sur le constat suivant : les grandes villes, et surtout la première d’entre-elles, Paris, ont vidé le reste du pays de sa substance, en ont abusivement tiré parti à leur seul profit. Bien que contestée (proche de l’idéologie vichyste, régime auquel GRAVIER était plus ou moins lié d’ailleurs), cette théorie eut un retentissement considérable, notamment auprès des décideurs politiques après-guerre.
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    Sources : lemonde.fr, lefigaro.fr et liberation.fr.
    Cartographie :
    ü  document 1 : carte des limites de ce qu’aurait pu être le Grand-Paris s’il avait adopté approximativement les limites de feu département de la Seine (création personnelle) ;
    ü  document 2 : carte du projet issue d’un article en ligne du figaro traitant de la question. 


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