• Ils ne l’aimaient déjà pas beaucoup le futur stade Jean-Bouin les habitants du sud du XVIe arrondissement de la capitale, ils risquent de faire un peu plus la grimace, et de s’attirer la sympathie de leurs concitoyens parisiens, en apprenant qu’il devrait leur en coûter près de 40 millions d’€ supplémentaires qui s’ajoutent aux 111 millions déjà prévus par les estimations initiales. Ce qui n’est évidemment pas du goût de tout le monde, surtout quand on sait que tant d’infrastructures sporFutur Jean Bouin.tives, en intra- comme en extra-muros, sont si mal ou si peu utilisées à l’image du stade Charléty de la porte de Gentilly dont personne (gestionnaire et club résident j’entends) ne veut et qui avait déjà coûté en son temps près de 120 millions d’€, ou du Stade de France de Saint-Denis qui ne sert que si peu, et souvent pas comme il le devrait.

    Son architecture n’est pas véritablement en cause. Celle-ci, signée Rudy RICCIOTTI*[1], est même plutôt réussie au regard des différents projets présentés au concours, et de la situation actuelle qui ferait sans doute l’affaire pour un petit club de province, mais n’est pas digne du Stade Français, éminent résident du Top14 (équivalent rugby de la L1, c.f ci-dessous). Sa silhouette plutôt basse ne s’abat pas violemment sur ce quartier déjà marqué par l’imposante (tout autant que majestueuse) structure que représente le parc des Princes voisin. Et d’ailleurs, l’enceinte dédié au rugby neStade Jean Bouin. comptera pas plus de 20 000 sièges, tandis que son homologue footballistique avoisine les 45/50 000 places*[2]. Quant à son enveloppe extérieure ondulée, translucide, elle répond merveilleusement bien à celle tout en béton du stade du Paris-Saint-Germain FC.

    Ensuite, afin de ré-affirmer une modernité retrouvée (le stade actuel date tout de même de 1924/5, avant qu’une rénovation n’intervienne en 1970), le projet de RICCIOTTI accueille également sur son toit des panneaux photovoltaïques (1 400 m² prévus) et intègre un système de recyclage de l’eau de pluie pour l’arrosage de la pelouse. Peut-être s’agissait-il pour l’architecte de rallier à sa cause les élus et citoyens écolos de la capitale qui dès le départ ont affiché leur opposition au projet porté par le maire de Paris et son ami Max GUAZZINI, président du SF. D’autant que l’on annonce parallèlement l’aménagement d’un parvis arboré et que l’on souligne l’absence de grilles pour ouvrir davantage le lieu aux habitants duFutur Jean Bouin. quartier.

    Ce qui choque donc davantage les riverains regroupés en collectif (outre le coût, le surcoût désormais, du projet*[3]), c’est que, tout d’abord, derrière des prétextes pseudo-sportifs, se cache en réalité une opération commerciale. De nombreux magasins doivent, en effet, être intégrés au complexe (8 000 m², parking de plus de 500 places). Ce qui n’étonne personne : cette partie de Paris n’en étant guère pourvue. Si l’on excepte évidemment la grande surface de la porte Molitor qui n’est cependant pas très glamour et encore moins adaptée à la consommation de masse. Ensuite, autre problème de la nouvelle enceinte, c’est qu’elle relègue un certain nombre d’activités annexes qui jusqu’à présent prenaient place au sein de l’actuelle, autour de l’hippodrome d’Auteuil dont on annonce depuis si longtemps également la reconversion. Il en est ainsi par exemple pour le hockey sur gazon, même si on lui promet en contrepartie des gradins flambants neufs affichant 500 sièges. Enfin, et pour les habitants du  quartier c’est le principale grief à l’encontre du Futur Jean Bouin.projet, le futur stade prive les écoliers des environs (lycées Claude Bernard et La Fontaine voisins notamment) d’un grand nombre de surfaces qu’ils utilisaient jusqu’à présent pour leurs cours d’EPS et leurs activités extra-scolaires. Ce qui, ajouté au plan envisagé pour l’extension de Roland Garros qui occuperait « Georges Hébert », autre enceinte sportive locale, permet de comprendre (et légitimer) leurs inquiétudes. Il reste désormais peu de temps avant que le projet ne se concrétise puisque les travaux devraient débuter dés l’année prochaine, pour une livraison prévue en 2011. Mais si la mairie comptait sur l’adhésion des Parisiens, c’est loin d’être gagné.

    Eric BAIL pour èV_

    -----

    [1] L’architecte, à qui l’on doit notamment le centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence (surnommé le pavillon noir), a été désigné lauréat par le jury du concours d’architecture, présidé par le maire de Paris, le 08/XI/2008.

    [2] « Jean Bouin » en affichant à l'heure actuelle péniblement 10 000. Chiffres : paris.fr.

    [3] Même si des considérations politiques ne sont sans doute pas étrangères également à cette forte mobilisation. Celle-ci est en effet orchestrée par le maire et des habitants de Boulogne-Billancourt, commune voisine gérée par l'UMP.

    -----

    Vidéo du nouveau stade vu du ciel :

    -----

    Source : dossier de presse (paris.fr), linternaute.com.

    Photos : idem + photographie personnelle du stade actuel prise le 28/VI/2008.

    Nouvelle version du dimanche 13/VI/2010.


    votre commentaire
  • Il y pensait depuis longtemps Bertrand DELANOË, et pas simplement en se rasant comme dirait le président (au temps où il ne l’était pas encore). C’est en tout cas désormais chose faite : une tour verra bien le jouTriangle.r prochainement à Paris, porte de Versailles. C’est ce que le maire de Paris vient en effet d’annoncer lors de la conférence de presse qui s’est tenue à l’hôtel de ville, le jeudi 25/IX/2008, en présence de l’architecte lauréat, Jacques HERZOG, décidément très à la fête en ce moment. Il s’agit, en tout cas, d’un véritable évènement dans la capitale puisque depuis une petite vingtaine d’années, aucun gratte-ciel d’importance n’y avait vu le jour en intra-muros*[1]. Même si, d’une part, cette tour ne ressemble finalement pas vraiment à une tour et que, d’autre part, elle émergera aux limites de la ville, pour ainsi dire même en banlieue.

    Bertrand aux pays des merveilles.

    Plus qu’une tour, le premier IGH parisien de l’ère DELANOË ressemble davantage à une pyramide (c.f ci-dessous), à base longue et étroite, et qui culmine à près de 200 mètres de haut (180 mètres précisément). Cette pyramide, surnommée « Triangle », doit offrir 70 000 m² de surfaces supplémentaireTriangle.s (logements, bureaux, commerces, terrasses, etc.) au sein du Parc des expositions de la porte de Versailles qui subit du même coup un petit lifting, puisque l’on parle du réaménagement de 17 000 m² aux alentours du nouveau bâtiment. Sa surface extérieure, plus classique, se pare, elle, de verre comme la plupart des gratte-ciel contemporains. Le tout devant commencer à sortir de terre à la fin de l’année 2009, pour une livraison prévue vers 2012/3.

    Cette silhouette si particulière, elle le doit en partie, selon les élus, le promoteur et le cabinet d’architecture, à la volonté de ne pas obstruer les vues et de « limiter l’ombre portée sur les voisins » (sic). Il paraît donc difficile, de prime abord, de ne pas approuver les choix annoncés, plutôt mesurés et raisonnés (d’autant que des concertations ont eu lieu avec les riverains) et de ne pas succomber au charme de la tour tant désirée par le maire de Paris. Au regard des premières images présentées, Triangle s’élève ainsi plutôt gracieusement au sein d’un Triangle.parc des expos où halls et hangars sans élégance dominaient jusqu’alors. Quant à sa finesse et à son emprise au sol relativement limitée, elles lui permettent de ne pas trop écraser le paysage du sud parisien.

    D’ailleurs, si quelques doutes vous assaillaient encore, après les annonces médiatiques qui ont suivi immédiatement la réunion de jeudi, aucune hésitation n’est désormais possible : la pyramide urbaine de DELANOË est somptueuse, le choix plus que judicieux, Triangle ne peut que plaire, et plaît déjà à tout le monde, y compris aux Parisiens et aux riverains de la porte de Versailles (JT de Canal + du soir par exemple). Une fois encore, et comme depuis le début dans cette affaire des tours à Paris, l’unanimité (au moins médiatique) prévaut. Toute la Gaule [et a fortiori tout Lutèce] paraît conquise. Toute ? NTriangle.on. Car, une poignée d’irréductibles résistent encore et toujours à l’enthousiasme ambiant qui commence tout de même à agacer. Le souci, c’est que ces critiques viennent essentiellement, un, du camp UMP, deux, des Verts parisiens (de Denis BAUPIN notamment), deux groupes qui ne portent pas le maire actuel de la capitale dans leur cœur. D’où la faible portée de celles-ci. Et du coup, on se retrouve presque dans « Bertrand au pays des merveilles », avec tout le respect que l’on doit à l’actuel locataire de l’Hôtel de Ville de Paris. Pourtant, des critiques constructives sur ce projet, il est aisé d’en soulever.

    Je déplace ma tour ici, et … échec et mat.

    Tout d’abord, croire que cette tour, enfin plutôt cette non-tour, est à elle seule capable de hisser notre bonne vieille capitale sur le podium, et modestie française oblige sur la première marche évidemment, des métropoles mondiales les plus dynamiques, c’est peut-être y aller un peu fort ! Il est impressionnant de constater ce qu’à peine deux cents mètres de béton et de verre peuvent avoir d'effets positifs sur une ville ! Je serais, en tout cas, tenté de proposer à tous les maires de France qui en ont assez de voir leur commune critiquée, délaissée ouTriangle. en crise, d’ériger eux-aussi un IGH pour voir leur(s) souci(s) s’évaporer comme par enchantement.

    Ensuite, pourquoi avoir choisi une telle forme ? Certes, le geste architectural peut paraître audacieux, certains le trouvent même sans doute osé, tandis que d’autres le trouveront probablement opportun pour la capitale que doit être Paris au XXIe siècle. Pourtant, ce choix ne l’a-t-il pas été surtout pour éviter l’affrontement avec les opposants des IGH dans Paris qui ne désarment toujours pas ? Triangle permettant à la fois d’affirmer concrètement dans le paysage parisien la volonté de Bertrand DELANOË, fidèle à ses convictions depuis 2001, tout en minorant son impact sur son environnement immédiat, et en évitant d’adopter les canons traditionnels de la tour urbaine. D’autant que, d’une part, et le maire de Paris l’a très bien à l’esprit, le monolithe n’a toujours pas la cote dans la capitale, l’opération Montparnasse n’étant jamais très loin*[2], et que, d’autre part, le choix du site d’implantation n’est guère sujet à polémiques : au sein d’un parc des expos en pleine mutation, et  aux marges les plus extrêmes de la capitale.

    Que dire ensuite de la révolution architecturale et urbanistique qu’était censé nous apporter Triangle, et que l’on nous annonce depuis que le débat sur les tours à Paris a refait surface il y a quelques années maintenant. La tour-pyramide du promoteur Unibail est encore une opération essentiellement commerTriangle.ciale, ce qui paraît évidemment tout à fait logique, des intérêts financiers colossaux étant en jeu. Et, si on nous annonce bien de nouvelles places publiques, des logements, des terrasses et des points de vue supplémentaires dans cet endroit de la capitale, nul doute que les commerces et les bureaux domineront dans le projet. Pour faire passer la pilule, le maire de Paris a alors insisté sur le caractère exclusivement privé de l’opération qui ne coûtera donc rien aux contribuables parisiens : argument choc qui écarte ainsi beaucoup de contre-arguments valables !

    Reste enfin sa situation géographique. Non pas que le XVe arrondissement et la porte de Versailles ne méritent pas de tels projets, au contraire*[3]. Mais tout de même, Triangle ne risque t-elle pas de se trouver à l’écart du reste de la ville qui bouge et bougera à l’avenir, comme un objet un peu posé au hasard et surtout au gré de l’espace encore disponible dans la capitale. Faisant du même coup l’impasse sur de nécessaires réflexions sur ce que doit être la ville de demain.  Difficile de répondre, même si Triangle peut aussi apparaître comme un pari dont le but est de dynamiser un espace qui ne se trouve que conjoncturellement animé. Seul l’avenir nous le dira.

    En tout cas, la première tour parisienne de DELANOË ne manque pas d’atouts, c’est certain. Et je le confesse, je serai sans doute l’un des premiers à l’admirer, à la gravir, et à profiter de ses terrasses et points de vue. Néanmoins, plutôt qu’un coup architecturalo-médiatique, il aurait sans doute été plus judicieux de repenser la ville préalablement, et de faire du futur projet le cœur de ce renouveau urbanistique que l’on nous promet maintenant depuis tant d’années. Rien n’est évidemment encore perdu, le chantier est loin de ses débuts, et de nombreuses autres tours sont annoncées ailleurs dans la capitale. Toutefois, si c’est avec ce genre de projets que l’on compte affronter l’après-pétrole, comme dirait Cyrano de Bergerac : « C’est un peu court jeune homme ».

    Eric BAIL pour èV_

    -----

    [1] L’une des dernières constructions hautes érigée en intra-muros le fut dans le cadre de l’opération « Front de Seine » dans le XVe arrondissement. Il s’agit de la tour Cristal qui date de 1990 et qui atteint les 98 mètres de haut.

    [2] D’où l’empressement avec lequel les architectes ont également souligné l’absence de dalle sur le site, insistant sur l’ancrage dans le sol de leur construction. Jussieu, le Front de Seine ou Maine-Montparnasse hantant toujours les esprits.

    [3] Le XVe est tout de même le plus peuplé des arrondissements parisiens et le parc des expos l’une des vitrines de Paris.

    -----

    Triangle en vidéo :

    -----

    Sources : éditions internet de tous les grands quotidiens et hebdos nationaux (leparisien.fr, lefigaro.fr, parisobs.com, etc.) ; paris.fr.

    Crédits photos : paris.fr.

    Nouvelle version du dimanche 23/VI/2010.


    votre commentaire
  • On ne présente désormais plus Jacques HERZOG et Pierre de MEURON, les architectes suisses qui ont réalisé le très atypique, mais néanmoins somptueux, stade de Pékin pour les dernières Olympiades, c56Leonard Street.onnu pour un temps encore sous le nom de nid d’oiseau. Leur imagination débordante pourrait faire émerger avant 2010, en plein cœur de Manhattan, un autre bâtiment tout aussi emblématique dans le paysage urbain contemporain, le « 56 Leonard Street » (c.f ci-contre), du nom de la rue où il sera implanté*[1]. Il s’agit en fait de créer, à New-York, une  nouvelle tour de cinquante-sept étages. Finalement, rien de très original me direz-vous dans une ville qui compte tant de gratte-ciel. Mais, la particularité du projet, car il y en a une, tient à la forme qu’ils comptent donner à ce futur bâtiment et qui est due à la sup56Leonard Street.erposition faussement anarchique des 145 appartements que comptera la tour. Ce qui rompt du coup avec l’image que l’on se fait traditionnellement d’un tel édifice, à savoir plutôt linéaire et monolithique.

    Et en regardant les premières images du projet, on se dit que les architectes suisses ont du s’éclater peu de temps avant de se mettre au travail au jeu de société « Jenga » qui consiste simplement à empiler les uns sur les autres de petits parallélépipèdes de bois que l’on a délicatement retirés de la base, sans mettre le tout à terre. Ce qui finit par créer des formes complètement délurées que l’on pensait bien ne jamais observer dans nos villes tant elles sont aux antipodes des codes architecturaux classiques. Si tant est qu’ils en existent encore, tant il est vrai que ces dernières années des bâtiments aux formes impensables il y a peu ont jailli ici ou là*[2]. En tout cas, ces « maisons empilées dans le ciel », selon les propres mots des architectes, dont les surfaces s’échelonneront d’une centaine à près de 600 m² pour les plus luxueuses*[3] et qui seront nous dit-on personnalisées à l’extrême, créent de par cet empilement désordonné, de véritables espaces extérieurs qui permettront aux habitants de s’ouvrir davantage sur leur ville. Tout en jouissant de terrasses aménageables plus que confortables.

    A la base de cette véritable caJenga.scade de verre, on trouvera une sculpture signée Anish KAPOOR (c.f ci-dessous), à qui l’on doit déjà la magnifique « goutte de mercure », la Cloud Gate, située dans le Millennium Park de Chicago*[4]. A New-York, le volume d’acier sphérique qu’il réalisera a été voulu afin de souligner l’imbrication de l’art/de la culture et de la ville.

    En tout cas, si l’on relève l’indéniable originalité de ce projet urbain, il faut toutefois signaler que Nicolas SCHÖFFER, un utopiste des années 1960, mort en 1992, avait imaginé pour la Défense une tour, non pas similaire, mais qui présente de nombreux points communs avec celle envisagée par les architectes suisses. Avec son « totem de l’an 1990 » qui devait atteindre 347 mètres de haut (c.f ci-dessous), il envisageait effectivement déjà la superposition de sept plates-formes au sein d’une structure d’acier géante avec de nombreux espaces en porte-à-faux comme des restaurants, des salles de conférences, des aires d’observation, etc. Le tout pouvant accueillir près de 15 000 personnes*[5]. Quant aux terrasses créées56Leonard Street par ce décalage structurel, et si chères au projet HERZOG/De MEURON, ne font-elles pas penser aux fameux lotissements fermés à alvéoles de Le CORBUSIER qui prévoyait de véritables jardins d’agrément de 50 m² suspendus et se juxtaposant les uns les autres. Endroits d’où, disait-il, « on mange, on cause et on se repose à l’air »*[6]. Finalement, seul le positionnement en Tour Totem.porte-à-faux des balcons du « 56 Léonard Street » diffère du projet de leur illustre prédécesseur et concitoyen. Ce qui souligne néanmoins au passage l’intérêt actuel des architectes pour la situation en porte-à-faux d’une partie de leur construction. Pensons notamment à l’hôtel réalisé à Barcelone par le Français Dominique PERRAULT et dont la façade ressemble à un de ces téléphones portables à façade coulissante.

    En tout cas, la cascade d’appartements des architectes suisses trouvera, n’en doutons pas, très rapidement sa place dans la jungle urbaine new-yorkaise.

    Eric BAIL pour èV_

    Note de nouvelle version (dimanche 13/VI/2010) :

    Lors de mon passage dans la « grosse pomme », fin avril/début mai 2010, la tour des architectes suisses n’était pas encore commencée.

    -----

    [1] En réalité, il verra le jour au croisement de cette rue Leonard Street et de celle de Church Street.

    [2] Je pense bien sûr à la Taipei 101 (forme de bambou) ; à la tour du centre financier de Shanghai (forme de décapsuleur) ; ou à la Torre Agbar barcelonaise (phallus ou suppositoire c’est selon), mais il en existe bien d’autres évidemment.

    [3] Et qui se vendront entre 3,5 millions de $ (2 millions d’€) et 33 millions de $ (23 millions d’€).

    [4] Le blog archiact.fr vous en parlait dans le papier « A drop of mercury ».

    [5] Source : cahier de l’exposition « C’était l’an 2000, le Paris des utopistes », édité par la Mairie de Paris et qui reprend des pages d’un Paris-Match publié dans les années 1960, Paris, 1998, pages centrales ; voir également sur ce sujet ce lien intéressant.

    [6] Source : Le Corbusier, « Urbanisme », Paris, 1994, Champs Flammarion, pp. 194-197.

    -----

    Sources : lemoniteur.fr ; archiportale.com (également pour les photos du projet).


    votre commentaire
  • - Attention, il s’agit ici de la deuxième partie de l’article sur Jussieu -

    - LA PREMIERE EST CONSULTABLE EN CLIQUANT SUR CE LIEN -

    ----------------

    On l’avait laissée en crise, on la retrouve en pleine restructuration. On parlait de démolition, on envisage aujourd’hui son extension. Jussieu renaît incontestablement depuis quelques années et il était temps. Ap4/transports.rès tant de projets et d’études avortés, alors que certains auraient sans doute pu entraîner sa renaissance ou sa revitalisation rapides, et après tant de déboires, comme la découverte d’amiante sur tout le site, à la fin des années 1990. Alors, certes, les décennies de retard accumulées ne pourront sans doute jamais être rattrapées et plusieurs milliers d’étudiants et de chercheurs en souffriront encore pendant de nombreuses années. Mais le mouvement semble désormais irréversible : le nouveau Jussieu est bel et bien arrivé ou du moins est-il en cours de livraison.

    Jussieu delenda est !

    La vitalité actuelle et retrouvée de Jussieu fait en tout cas complètement oublier les longues années de tergiversations qui ont suivi l’abandon du projet d’ALBERT dans le courant des années 1970. Epoque difficile où l’on se demande alors s’il est opportun de poursuivre l’idée originelle de l’architecte et compléter le gril, simplement la repenser et y apporter donc de légères retouches, ou bien en prendre le contre-pied total en détruisant le tout, ou en modifiant profondément la structure générale ?

    Et les trois décennies qui suivent (1970, 1980 et 1990) tournent constamment autour de ces questions sans réponse(s). D’autant plus difficiles à résoudre que les moyens de l’université française restent dans ces années plus que limités. Et, c’est l'une des raisons qui poussent nombre de ses détracteurs à réclamer corps et âmes sa destruction. Ce qui, de surcroît, couperait court à ces débats sans fin.

    En 4/transports.tout cas, Jussieu demeure constamment, pendant ces années, au cœur des préoccupations, démontrant tout l’intérêt porté au site. Chacun y va de sa petite proposition sur la question dans les milieux spécialisés. Même s’il s’agit peut-être aussi pour eux de se faire un nom ou de la publicité en proposant une idée originale et/ou forte pour un lieu emblématique de la capitale. Et même si, par un étrange paradoxe, cette époque pourtant marquée dans la capitale, pour le meilleur et/ou pour le pire, par les grands travaux (surtout mitterrandiens) la laisse étrangement irrémédiablement à l’écart, comme une belle endormie à laquelle il ne faut surtout pas toucher. Toutefois, une étape importante pour le campus, et sa survie, est franchie avec l’érection au coin nord-ouest de l’institut du monde arabe (IMA - photo ci-dessus), signé Jean NOUVEL, au début des années 1980. Ce dernier fait comprendre avec son projet qu’il est tout à fait possible de tirer le meilleur parti de l’existant, tout en ouvrant de nouvelles perspectives. L’IMA adopte, en effet, à la fois le même gabarit que les barres de CASSAN, tout en repensant le rapport de cette zone avec le reste de la ville, et notamment des quais. Et surtout, avec les propositions de NOUVEL pour le reste du campus*[1], l’architecte vient confirmer ce que les différentes propositions avant lui avaient déjà en grande partie souligné, à savoir que le pari ne peut être gagné que par la conception d’opérations urbanistiques d’envergure, et non plus exclusivement architecturales. Même si pa4/transports.rallèlement l’édification de bâtiments symboles (ce que rependra à son compte, bien plus tard, le cabinet « Périphériques » avec son Atrium ; c.f ci-dessus) demeure indispensable pour marquer, notamment les esprits. En tout cas, dès lors, la quasi-totalité des propositions qui suit, tend à repenser Jussieu dans son ensemble, en l’ancrant notamment plus solidement à la ville, aux quartiers qui l’entourent, et en lui conférant une échelle plus « humaine », moins monumentale*[2].

    Est-on enfin entré dans une nouvelle ère pour l’université, celle du déclin inexorable du « Jussieu delenda est » ? Pas si sûr. En effet, ses partisans ont encore de la voix et le prouvent quand éclate le scandale de l’amiante en 1996. Faisant repartir de plus belle la fronde anti-Jussieu. Néanmoins, même les plus ardents défenseurs de cette solution comprennent qu’il est bien impossible désormais de rayer de la carte un tel endroit qui rassemble tout de même nombre de chercheurs et universitaires français parmi les plus éminents dans leur discipline. Et si de nombreux débats, toujours aussi passionnés, ne manquent pas d’éclore dans ces années, l’avenir du campus s’éclaircit tout de même de plus en plus, notamment avec les décisions prises par les instances dirigeantes confirmant son désamiantage. Et si dix années sont encore nécessaires avant que ne débutent réellement ces travaux, il semble désormais acquis que Jussieu connaisse une nouvelle vie sans tourner le dos à son passé.

    Après la pluie, le beau temps !

    Et c’est vrai que les choses bougent enfin sur le campus, après ces années d’errements. A tel point que toute marche arrière paraît désormais bien impossible et que les décisions prises ont définitivement fait taire les défenseurs de la table rase qui n’avaient toujours pas désarmé. D’ailleurs, la tour Zamansky désossée et qui reçoit actuellement une nouvelle tunique flambant neuve, ose même les narguer en affichant fièrement sur ses panneaux le slogan suivant : « L’avenir est un présent que nous fait le passé » pour bien montrer que Jussieu est désormais installé(e) pour de bon dans le paysage parisien*[3].

    Mais, c’est bien l’ensemble du campus qui subit de4/transports. profondes transformations. Et d’abord le gril non achevé d’ALBERT, véritablement au petit soin. Progressivement désamianté, puis réaménagé par tranches, il se métamorphose esthétiquement. Et quiconque arrive par la rue Guy de la Brosse, perpendiculaire au campus, peut aisément le constater (photographie ci-dessous). Tandis que la dalle, elle, est profondément remaniée et réaménagée*[4]. L’objectif étant évidemment d’amarrer davantage l’université au quartier qui l’entoure. Ce qui passe par la destruction partielle de la dalle, notamment à proximité des tours de liaiso4/transports.n, permettant ainsi l’aménagement de pentes douces qui la relie directement à la voirie environnante. Alors certes, l’esprit initial de la séparation des circulations s’estompe avec ces lourdes restructurations, mais son organisation, sa perception (notamment auprès des riverains, mais aussi de ses utilisateurs), gagnent indéniablement en lisibilité.

    Quant au tristement célèbre  « no man’s land » qui sépare le gril d’ALBERT des barres de CASSAN, au nord, près des quais de Seine, il connaît un développement inédit. Et, on ne se contente désormais plus d’ériger ici ou là de simples constructions pour palier le manque criant de locaux. On crée, on planifie. C’est d’ailleurs ici qu’a été édifié le magnifique bâtiment coloré du cabinet « Périphériques Architectes », qui dévoile tout le potentiel que l’on peut dégager du lieu. Ce bâtiment, appelé l’Atrium, vient compléter partiellement le gril au sud, et le rend p4/transports.lus attrayant à un endroit où il repoussait il y a encore peu de temps. Sa trame extérieure et ses couleurs chatoyantes attirent les regards. Tandis que la pente douce et rougeâtre nous conduit doucement de la dalle à la rue, ou vice-versa, et ce, sans contraste violent (c.f ci-dessus). Et c’est également à cet endroit qu’est envisagé le projet « Pariparc », du même cabinet d’architecture, et qui pourrait encore accroître l’attractivité du campus. Voire le bouleverser durablement en créant ici la nouvelle entrée magistrale de l’université. Il ne serait alors plus si excentrique d’envisager combler l’entrée actuelle pour réorienter Jussieu sur les quais et la Seine, comme tant de projets l’ont déjà proposé dans le passé, et comme imaginé et planifié à l’origine.

    Evidemment, les puristes regretteront la dénaturation faite aux idées originelles. Confirmée également par l’aménagement récent de logements pour les étudiants, chercheurs, ou « erasmus » sur les pignons non terminés et longtemps délaissés au nord du gril. Ce qui souligne le renon4/transports.cement définitif à l’achèvement de ce dernier. Même s’ils pourront se consoler avec le départ, total et irréversible, de Paris VII-Denis Diderot vers un autre lieu de la capitale, le quartier Masséna/Rive gauche*[5]. Ce qui a réglé l’épineux problème qui n’a cessé d’agiter le campus depuis sa création, à savoir la cohabitation difficile, pour ne pas dire impossible, de deux universités antagonistes sur le même site. Alors qu’à l’origine, un seul grand pôle universitaire scientifique d’envergure devait occuper l’endroit.

    L’histoire de la faculté des sciences de Paris-Centre a donc été des plus mouvementées depuis une quarantaine d’années. Et, pour beaucoup, elle reste un échec monumental, inadaptée à ses fonctions. En tout cas, si nul ne sait encore aujourd’hui précisément ce qui se fera dans les années à venir, ni même si elle sera un jour enfin achevée, peu sont ceux qui osent désormais jouer les cassan[dre] !

    Eric BAIL pour èV_

    -----

    [1] Ce dernier propose de noyer, comme d’autres l’avaient imaginé avant lui, le campus dans la verdure. Toutefois, originalité de son projet, il envisage de le faire par l’envahissement du jardin des plantes tout proche. La rue Cuvier disparaissant du même coup.

    [2] Parmi celles-ci, on trouve la mission MACARY, du nom de l’architecte-urbaniste M. MACARY, qui envisage par exemple des allées plantées ou une nouvelle continuité barres/gril ; ou encore, la réflexion AUTHEMAN, du nom de l’architecte chargé de l’étude, et datant de 1988, qui envisage l’aménagement de deux grandes voies, la première Est/Ouest, la seconde Nord/Sud. Plus d’infos, consulter l’article de Christian HOTTIN.

    [3] La nouvelle tour Zamansky a été inaugurée fin 2009, et s’il est vrai qu’elle est resplendissante, notamment en pleine nuit, elle s’écarte un peu de la tour d’origine (disparition de ses plaques de marbre de Carrare). Si vous voulez (un tout peu petit peu) plus d’informations sur celle-ci, un modeste (avant un plus gros) ouvrage a été édité, références : LAMARRE (François), La tour de Jussieu/Thierry VAN DE WYNGAERT, Paris, Archibooks (collection l’esprit du lieu architecture), 2010 ; 12,90 €.

    [4] Comme autour de la tour 16, c.f parisregards.fr.

    [5] Le site de Jussieu étant encore tout de même si fortement associé à Paris VII qu’en tapant « Jussieu » sur Goo…, vous tomberez encore sur le site internet de l'université Denis Diderot. Situation qui devrait sans doute perdurer un moment encore.

    -----

    Sources : HOTTIN (Christian), « Jussieu l'inachevé, 50 ans de projets pour la faculté des sciences de Paris-centre », Livraisons d'histoire de l'architecture, n°13, IX/2007, pp. 23-51 ;

    Si vous voulez également lire un excellent article sur l’histoire de l’université de Jussieu, je ne saurais trop vous conseiller le papier de Bernard MARREY, paru dans le quatrième numéro de la revue Criticat (de IX/2008), et intitulé « Qui veut noyer Jussieu l’accuse de l’amiante », pp. 4-21.

    Crédits photos : photographies personnelles prises sur le campus en 2008 et 2009 (notamment au cours des journées du patrimoine en fin d’année).

    Première version du 10/X/2008 publié sur PériphériK ; remise à jour en date du mardi 08/VI/2010.


    votre commentaire
  •          Le tout nouveau siège de la télévision d’Etat chinoise, la CCTV pour China central television, s’élève progressivement dans le skyline de Pékin. Et sa forme, plutôt originale et spectaculaire, ne passe pas inaperçue malgré un paysage urbain déjà fortement marqué par des œuvres  phares, commCCTV et TVCC.e le « Nid d’oiseau » ou « l’Aquacube » pour ne citer que l’architecture olympique toute récente. Les derniers panneaux de verre viennent d’être installés sur les façades anguleuses du bâtiment qui devrait être complètement achevé et inauguré courant 2009. Le CCTV Center est né de l’imagination toujours débordante de l’architecte hollandais Rem KOOLHAAS à qui l’on doit déjà la sublime et déconcertante bibliothèque centrale de Seattle (2004 ; c.f ci-dessous) ou l’ambassade des Pays-Bas à Berlin (2003), à la fois sobre et aguicheuse*[1].
    Cette nouvelle réalisation du Néerlandais, associé pour l’occasion au cabinet allemand OMA, devrait, en tout cas, devenir l’édifice central du nouveau CBD [Central business district] de la capitale chinoise*[2]. Car, en plus d’accueillir le nouveau siège de la CCTV, avec Bibliothèque Seattle.tous les espaces que cela implique, à savoir studios d’enregistrement, centres de production, etc. ; il devrait également comporter en son sein un centre culturel consacré à la télévision, baptisé TVCC (Television cultural center), de 116 000 m², un hôtel 5*, un théâtre de 1 500 places assises et de vastes espaces réservés aux expositions. La création d’un « Media-Parc » est, en outre, prévu, ainsi que des jardins publics. Les touristes devraient également être à la fête puisque les concepteurs leur ont réservé un parcours, le « Visitor’s Loop » qui, dit-on, « changera leur regard sur le monde des médias » en leur rendant accessible le monde de la production télévisée. Il est vrai que l’on ne doute pas un instant de la volonté des dirigeants de la télévision chinoise de nous dévoiler toutes les coulisses du métier avec la plus parfaite transparence [sic]. Il pourrait davantage s’agir d’un Disneyland de l’info puisque l’on parle d’un parcours exclusivement conçu pour les visiteurs d’un jour qui découvriront les différents aspects du processus de CCTV.production. Voilà qui est nettement plus conforme au « made in China ». Enfin, l’étage le plus élevé du bâtiment, à plus de 230 mètres du sol, devrait accueillir un musée des médias et une terrasse panoramique qui permettra d’avoir l’une des plus belles vues sur la ville de Pékin.
    Sur l’architecture proprement dite, le bâtiment doit sa forme particulière à la combinaison de deux volumes qui s’épanouissent à partir d’une plate-forme commune en partie souterraine et qui finissent par se rejoindre à plus de 230 mètres du sol, en créant une sorte de saillant suspendu dans le vide. Les deux branches latérales en forme de double « L » semblent s’appuyer l’une sur l’autre dans un très beau mouvement. Leur très légère inclination laisse immédiatement penser qu’ils se soutiennent mutuellement. Rem KOOLHAAS réinvente finalement l’Arche de la Défense en 2008, en brisant la base et le sommet, et en les enfonçant par leur milieu dans des directions opposées. Pour couronner le tout, une grille complexe de supports transversaux eCCTV.n acier, et qui devient irrégulière au sommet de l’édifice comme pour souligner la violence faite à la structure, accentue l’idée de fragilité de l’ensemble qu’il faudrait comme venir renforcer et consolider. En réalité, celle-ci a été étudiée pour lui conférer une grande capacité de résistance dans une région à haut risque sismique.
    Le CCTV Center une fois achevé, dans moins d’un an, devrait sans aucun doute devenir l’un des hauts lieux du tourisme pékinois. Peut-être le sera-t-il également, dans les années à venir, sur le plan politique, même si partir à l’assaut d’un tel édifice paraît plus difficile que le château de Versailles ou la Maison Blanche russe !
    Eric BAIL pour èV_
    Note de nouvelle version (dimanche 13/VI/2010) :
    Le siège de la CCTV a été inauguré pour les JO2008. En revanche, son annexe/TVCC qui n’était pas encore achevée début 2009 a subi de lourds dégâts suite à un incendie qui s’est déclaré dans la nuit de la fête des Lanternes le 09/II/2009. Pendant plus de six heures, le feu a ravagé ses cinquante étages (pour 150 m de haut). Voici deux vidéos, une de l’incendie, et une des dégâts le lendemain :

    --

    -----
    [1] Sans oublier ses très nombreux projets qui ne verront jamais le jour, comme ses multiples tours de verres colorées pour le quartier des Halles ou ses recherches sur le réaménagement de la dalle de la Défense.

    [2] Le prestigieux « Time » en fit une icône dès 2004 alors que les travaux commençaient à peine, voir ici.
    -----
    Source : archiportale.com.


    votre commentaire